Poesie en l.francaise
Nazim Hikmet(poete turc)
Mes freres
Mes freres
En depit de mes cheveux blonds
Je suis Asiatique.
En depit de mes yeux bleus
Je suis Africain.
Chez-moi,la-bas,les arbres n ont pas d ombre a leur pied
Tout comme les votres,la-bas.
Chez-moi,la-bas,le pain quotidien est dans la gueule du lion.
Et les dragons sont couches devant les fontaines
Et l on meurt chez-moi avant la cinquantaine
Tout comme chez-vous,la-bas.
Quatre-vingts pour cent des miens ne savent ni lire ni ecrire
Et cheminant de bouche en bouche,les poemes deviennent drapeaux
Tout comme chez-vous,la-bas.___(Nazim Hikmet)
Albert Dreux
FIERTE
Qui que tu sois,passant du tenebreux chemin
Ou la vie a seme des urnes cineraires,
O..promeneur hante de sublimes chimeres,
Si tu veux te survivre a toi-meme,demain
Cueille pieusement les sanglots surhumains
Que rythme,dans ton sein,ce coeur qui s exaspere.
L ideal n est vivant qu aux cimesdes calvaires:
Adore ta douleur et donne-lui la main...
Marche seul et sois fier; plein de morgue,
Releve ta tete altiere,et fuis les contacts infamants;
Ne choisis pour sentier que celui de ton reve.--(Albert Dreux)
Toi ..mon frere
Toi....mon frere
Comme le scorpion,mon frere,
Tu es comme le scorpion,
Dans une nuit d epouvante.
Comme le moineau,mon frere,
Tu es comme le moineau,
Dans ses menues inquietudes.
Comme la moule,mon frere,
Tu es comme la moule,
Enfermee et tranquille.
Tu es terrible, mon frere,
Comme la bouche d un volcan eteint.
Et tu n es pas un,helas,
Tu n es pas cinq,
Tu es des millions.
Tu es comme le mouton,mon frere,
Tu te hates de rentrer dans le troupeau,
Et tu vas a l abattoir en courant,presque fier.
Et s il y a tant de misere sur terre,
C est grace a toi,mon frere.
Si nous sommes affames,epuises,
Si nous sommes ecorches jusqu au sang,
Presses comme la grappe pour donner notre vin,
Tu y es pour beaucoup,mon frere_(Nazim Hikmet)
Lounis Ait-Menguellet
Le reve
J ai reve que j etais dans mon pays
Au reveil,je me suis rendu compte que j etais en exil
Nous les enfants de l Algerie
Aucun coup ne nous est epargne
Nos terres sont devenues nos propres prisons.
On ferme sur nous les portes et les issues
Et quand nous appelons
Ils nous disent, s ils repondent:
Puisque nous sommes la,taisez-vous..
(Lounis Ait-Menguellet)
Victor Hugo
En hiver la terre pleure,
Le soleil froid, pale et doux,
Vient tard,et part de bonne heure,
Ennuyé du rendez-vous.
Il prend un prétexte grèle,
Vent,nuage noir ou blanc,
Et dit:_ c'est la nuit,ma belle !
Et la fait en s'en allant.
Comme un amant qui retire,
Chaque jour son coeur du noeud,
Et,ne sachant plus quoi dire,
S'en va le plus tot qu'il peut.